« Est-ce qu’un service de soin est un lieu dans lequel des soignants peuvent être appelés à poser un acte létal ?».
Suite à l’avis 139 du Comité consultatif national d’éthique, nous demandons que la dimension humaine de la relation de soin, c’est-à-dire le temps de présence, d’accompagnement et de réflexion soit prise en compte dans le financement de l’activité médico-sociale. Pour qu’une personne se sente aimée, accompagnée dans ses craintes, dans sa dépendance, il faut du temps. Avant d’imaginer une loi, il faut bâtir un réseau complet de soins palliatifs qui permet à chaque personne d’avoir accès à des soins de qualité au domicile, en Ehpad ou à l’hôpital.
La Fondation des Diaconesses de Reuilly, qui gère 45 établissements sanitaires et médico-sociaux, s’interroge à l’idée que les soignants puissent donner intentionnellement la mort : est-ce qu’un service de soin est un lieu dans lequel des soignants peuvent être appelés à poser un acte létal ?
Nos équipes sont inquiètes. Depuis 1841, nous avons toujours été attachés à l’accompagnement des personnes les plus vulnérables. Nous refusons de considérer que certaines vies ne méritent pas d’être vécues. Il est important pour nous de le rappeler. Mais comment respecter la liberté individuelle d’une personne dont le pronostic vital est à moyen terme, et dont les souffrances physiques et ou psychologiques sont réfractaires à tout traitement et éprouvées comme insupportables ?
Nous espérons que ces questions essentielles et singulières seront prises en compte dans le travail de la convention citoyenne et des décisions qui en découleront.
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Contexte
Le 13 septembre, le Comité consultatif national d’éthique dans son avis 139 sur les questions éthiques relatives aux situations de fin de vie : autonomie et solidarité, émettait plusieurs propositions.
Cet avis est destiné à contribuer aux réflexions des citoyens, professionnels de la santé, législateurs etc. S’appuyant sur la mise en place de la loi Claeys-Leonetti de 2016, l’avis du CCNE estime que le cadre juridique actuel est satisfaisant pour les personnes dont le pronostic vital est engagé à court terme. En revanche pour les personnes ayant des souffrances réfractaires dont le pronostic vital n’est pas engagé à court terme, mais à moyen terme, les solutions adaptées au cadre législatif font défaut. Il en est de même pour les situations de dépendance à des traitements vitaux dont l’arrêt n’entraine pas un décès à court terme.